Elisabeth
Dujarric de la Rivière (1930-2005) dite "Dujarric"
Née
le 2 septembre 1930 à Jouy-en-Josas, cette artiste issue d'une
famille périgourdine dont le nom baptise l'hôpital de Périgueux
étudie l'art à Paris, tant l'Académie Julian (aux
côtés de Claude autenheimer
et
de Françoise Sors)
qu'à
l'Académie de la Grande Chaumière, tout en poursuivant des études
d'histoire de l'art à la Sorbonne. Marcelle Friedman, sa mère, est
élève de Nadia Boulanger et mécène des organistes de son temps. Comme peintre et illustratrice, Elisabeth adopte le nom d'artiste de Dujarric et partage son temps entre la capitale et la Dordogne.
Peintre
de la Seconde Ecole de Paris, cette artiste de la Figuration
narrative est une figure de la Jeune Peinture françaises des années
1950, d'une ampleur inégalée au XXe siècle avec un millier de
peintres. Directeur de l’Académie de France à Rome (villa
Médicis) en 1933, puis directeur de l’École des Beaux-arts en
1937, le sculpteur Paul Landowski (1875-1961) évoque Elisabeth
Dujarric dans son Journal
(1902-1959).
Dès
février 1954, son travail est présenté au Ve Salon de la Jeune
Peinture, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Elle y sera
fidèle, au moins jusqu'en 1961. En juin 1954, elle participe au VIe
Salon du Dessin et de la Peinture à l'Eau, toujours au Musée d Art
Moderne de la Ville de Paris.
Elle
participe en janvier 1955 au
VIe Salon de la Jeune Peinture.
L'historien et critique d'art Marcel Zahar (1898-1989) écrit dans La
nouvelle vague
: « Les
témoignages de la peine des objets moribonds tels que chaises
crevées, grabats, godillots éculés, etc, sont donnés par Dujarric
de la Rivière, Liliane Le Faure, entre autres. »
Dès
novembre 1955, elle participe à l'exposition collective La
Nouvelle Vague,
à la galerie Framond à Paris gérée par Zahar, aux côtés de Paul
Rebeyrolle, Gérard Tisserand, Michel de Gallard, Guy Bardonne,
Michel Rodde ou encore Claude Schurr.
Cette même année, elle participe au Salon de la Jeune Peinture,
toujours au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. «Un
grand Salon ? Peut-être! Les années qui vont suivre nous le diront.
Les gaillards qui exposent là ont rejeté les réserves ou les
impuissances de l'abstrait ; il y en a de remarquables ; certains
seront peut-être grands. Nous revoyons, pour notre plaisir, souvent
passionné, Rebeyrolle, Aberlenc, Taylor, Simone Dat, de Gallard,
Bardone, Brasilier, Pradier, Panzel, René Genis, Dujarric, Nuche,
Thompson, Roger Grand, Pradier, Montané, Krol, Luc Simon, Guansé,
Dudouct, Mayet. Vive la jeune Peinture.»
écrit Jean Rollin le 10 février 1956,
En
janvier-février 1956, elle participe à l'exposition collective de
18 peintres français sélectionnés parmi les 293 de ce dernier
salon ( dont Tisserand,
Guiramand, Garcia-Fons, de Gallard, Cueco, Cara-Costea, Aberlenc),
La
Jeune Peinture de Paris,
à la galerie Marlborough à Londres (Galerie
Marlborough Fine Art Ltd, Old Bond Street Londres W1, Hyde Park
6195/6).
En juin 1956, elle expose au Salon de la peinture à l'eau et du
dessin au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. En
1956-1957-1958, elle travaille à la
cité d'artistes
La Ruche à Paris, comme Rebeyrolle et Cueco, et est ami avec le
peintre cévenol René
Aberlenc et son épouse Pierrette, 14, rue du Moulin de Beurre, Paris
14 e. Elle
fondera une association de sauvegarde de la Ruche, passage Dantzig,
rapidement présidée par Marc Chagall. Grâce à son énergie et
celles de Simone Dat et de Francis Biras, elle sauvera de la
démolition la mythique Ruche. Et pour cause. Après-guerre, les
artistes groupés autour de Rebeyrolle dans cette cité forment le
noyau du «Salon de la Jeune Peinture», ce movement figuratif
impulsé par la Manifeste
de l'Homme témoin.
En
janvier 1957 au Musée d'Art Moderne, elle obtient le Prix
du VIIe Salon de la Jeune Peinture,
alors
présidé par Jean Jansem et dont le catalogue est préfacé par
George
Besson, Desnoyer, Guy Dornand, Waldemar George, Marcel Gimond, Claude
Roger-Marx et Zahar.
Dans Libération, Dornand écrit : « Le
naturalisme qui effraie ou inquiète tel distingué confrère
désireux de voir «étaler les tripes» du réel pour mieux en
«révéler l âme» (curieuse méthode) se porte fort bien avec
Aberlenc, Dujarric, Garcia-Fons. ».
Dans le Figaro
du 24 janvier, Raymond Cogniat qualifie alors Dujarric de « bon
peintre ». René
Barotte note le 22 janvier 1957 : « Le
Salon de la jeune peinture, célèbre son VIIIe anniversaire avec
éclat. Les 250 exposants de 1957 ont rompu avec l'imitation servile
de Picasso ou de Matisse. Leur art est plein de santé, de fraîcheur
et de jeunesse. Si parfois on trouve encore une tendance à déformer
le corps féminin, Il y a chez beaucoup un abandon du sujet morbide,
un goût pour des compositions larges, aérées, riches en couleurs,
pleines de vie. Une trentaine de toiles au moins indiquent, chez
leurs auteurs, qui se nomment Guiramand, Kornicker, Dujarric,
Tisserand, Rebeyrolle, Taylor, Brasillier, Cathelin, Aberlenc, entre
autres, un très heureux souci de renouvellement. »
En
1993, le critique d'art Guy Vignoht (1932-2010), auteur de
La
jeune peinture, 1941-1961,
évoque Dujarric dans la préface d'une monographie sur Bernard
Vermot.
En
janvier 1957 encore, elle participe à l'exposition collective
« Jeunes Peintres Premier Groupe », à la Galerie Vidal,
rue Delambre, Paris 14 e.
George Besson dans «Les
Lettres Françaises»
du 31 janvier 1957 note : «Voici
une sympathique réduction du Salon de la Jeune Peinture : dix
exposants judicieusement choisis : Aberlenc, Cueco, Dujarric,
Folk, Garcia-Fons, Jansem, Taylor, Tejero, Vignoles, Biras, tous
lauréats, hier ou aujourd hui, de ce Salon des moins de quarante ans
qui rend en ce moment sensibles à la bonne peinture les
collectionneurs les plus coriaces. La qualité des œuvres est la
caractéristique de ce premier groupe Vidal. Un certain air de
famille aussi.
»
En
janvier-février 1957, elle participe à une seconde exposition
collective
La Jeune Peinture
à la Galerie
Marlborough. (avec Bardone, Bastide, Collomb, Cueco, Dat, Folk,
Garcia-Fons, Grand, Guiramand, Léquien, Olney, Taylor, Arturo
Tejero, Thompson, Tisserand, Venot). En avril 1957, elle expose
encore au Salon de la peinture à l'eau et du dessin au Musée d'Art
Moderne de la Ville de Paris. Juliette Darle dans «L Humanité» du
15 avril 1957 : « Dans
les dessins de René Aberlenc, des études de jeune femme, on
retrouve cette vigueur presque austère, ce pouvoir d'émotion
retenue qui caractérisent ses meilleures toiles. Même refus de l
effet, même probité du métier, même rigueur de l observation dans
le grand panneau d études d Elisabeth Dujarric de la Rivière.»
En
juillet-août 1957, elle participe à une exposition collective sous
le patronage de l'UNESCO à la Mairie d Eymoutiers (Haute Vienne) :
«Peinture contemporaine en Limousin», exposition organisée par le
peintre Paul Rebeyrolle et dont le catalogue est préfacé par Jean
Cassou. Son travail côtoie entre autres ceux de
Buffet,
Cueco, Desnoyer, Gromaire, Francis Gruber, Lesieur, Jean Lurçat,
Pablo Picasso, Edouard Pignon, Rebeyrolle, Nicolas de Staël,
Tal-Coat.
Toujours
en juillet-août 1957, avec 58 peintres français, elle participe au
Parc de la Culture de Moscou à l'exposition des Jeunes Peintres dans
le cadre de l'exposition internationale de peinture du VIe «
Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiants pour la Paix et
l'Amitié ».
En
janvier 1958 au Musée d'Art Moderne, elle participe au
IXe Salon de la Jeune Peinture. Guy Dornand écrit dans «Libération»
du 16 janvier 1958 : « De
ceux qu on put ranger dans 1e groupe de la Ruche, ou de ses
sympathisants, combien plus solides se présentent les compositions d
un solitaire : Grand, toute sensibilité, les natures mortes de
Cueco, d Aberlenc, le petit paysage de Folk, les natures mortes de
Dujarric. »En
juin 1958, elle participe au Xe Salon du Dessin et de la Peinture à
l Eau, au Musée d Art Moderne de la Ville de Paris.
En
janvier 1960, elle est à nouveau sélectionnée au XIe Salon de la
Jeune Peinture. En octobre 1960, elle participe au Prix Antral tout
comme Aberlenc.
En
janvier 1961, elle participe encore au XIIe Salon de la Jeune
Peinture. Cogniat note dans «Le
Figaro»
du 18 janvier 1961 : «La
première salle réunit la plupart des vedettes de ce Salon et prend
ainsi un caractère de salle d'honneur. Nous y trouvons en effet
Lesieur, Genis, Bardone, Cottavoz, Brasillier, Guiramand, Mayet,
Petit, Weisbuch, Garcia-Fons, Fabien, Dujarric, Giraud de l'Ain,
Canjura, Cueco. »
Avec
une huile datée de 1960, Tête,
elle est sélectionnée par un jury de jeunes critiques à la
Biennale de Paris qui, fondée par Raymond Cogniat, se tient au Musée
d'Art Moderne de la Ville de Paris en 1961.
En
1962, elle illustre Souvenirs,
livre écrit par son père, René (1885-1969), médecin et président
de l'Académie des Sciences. La
galerie Claude Levin (1958-1971), une galerie de réputation
internationale gérée par Georges Detais (1923-) et dont les piliers
sont Arroyo, Breyten, Aillaud et Quilici, intègre Dujarric à
l'exposition collective Estampes
67.
De même, il lui organise une exposition particulière, Tête à
Tête, en mai 1968 à Paris. « Les
évènements de Mai 68 empêchent le bon déroulement de l’exposition
d’Elisabeth Dujarric qui avait bien commencé. Et marquent quelque
peu le coup d’arrêt de la dynamique galerie. »
En
1969, elle écrit et illustre Journal
des Moissons, un
livre d'art paru chez Taillandier, carnet de croquis des moissons en
Périgord préfacé par Jean Cassou, fondateur-conservateur du Musée
National d'Art moderne à Paris (1945-1965). En 1969, quatre gravures
de Dujarric entrent au cabinet des estampes de la Bibliothèque
nationale. Son travail est également exposé en janvier-février
1984 dans le cadre d'une exposition collective de quatre artistes à
la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (catalogue
de 16 p disponible à la bibliothèque Kandinsky du centre Georges
Pompidou).
En septembre-octobre 2005, son travail est présenté
dans deux expositions collectives avec 20 artistes dont Arroyo, Peter
Klasen et Bernard Rancillac à Pouzac et au Carmel de Tarbes. En
mai-juillet 2008, elle participe avec trois autres artistes, Henri
Cueco, Eduardo Arroyo et Louis Quilici, à l'exposition Aux
sources de la Figuration narrative,
rue de Miromesnil à Paris. Elle décède le 18 novembre 2015 à
Excideuil, berceau dordognais de la famille Dujarric de la Rivière.
Certaines de ses œuvres ornent l'église de Saint-Sulpice
d'Excideuil, notament une grande Crucifixion.
En octobre 2012, l'orangerie du château de Sucy-en-Brie expose des
toiles de l'artiste. En
octobre-décembre 2016, le catalogue de l'exposition collective « Les
Insoumis de l'Art Moderne ,
Paris,
Années 1950
» cite le travail de Dujarric au Musée Mendjisky – Ecoles de
Paris, square de Vergennes.
Son œuvre reste cependant à redécouvrir. « La
fidélité aux artistes que Georges Detais a pu exposer, découvrir,
soutenir est toujours restée sans failles, tels Louis Quilici et
Elisabeth Dujarric, pas assez reconnus à son goût, et à juste
titre. »
note le muséographe Sylvio Brianti.
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