dimanche 5 décembre 2021

Émile Renouf

Émile Renouf (1845-1894) est un peintre français du XIX e siècle.

Parisien de naissance, Renouf a une adolescence normande à Honfleur où il arrive avec ses parents à l'âge de quatorze ans. Il est vrai qu'il a ses racines au hameau de Renouf, près de Fermanville dans la Manche. Après  sa scolarité au Lycée impérial Bonaparte, le jeune Parisien est formé à l'Académie Julian à Paris, élève de Gustave Boulanger, Jules Lefebvre et William Bouguereau. Il reçoit aussi les conseils de Pelouse et de Carolus-Duran. Celui qui peint précocement sur le motif  est "davantage un élève de la nature que celui de ses maîtres académiques" selon le non moins fameux Georges Petit. Il expose deux  "Environs de Honfleur" dès le Salon des Artistes français de 1870, puis ses toiles au salon, ce sans discontinuer jusqu'en 1894, hormis en 1871, 1882, 1889 et 1890.

A la Société des Beaux-Arts de Caen où Renouf expose en 1873, De Liesville note que "Paysagiste pas encore assez remarqué, Renouf procède de Daubigny par la coloration, sent bien les notes d'un paysage et les enlève avec animation."
 « Forte constitution, taillé comme un vrai loup de mer, un blond barbu qui tient le pinceau aussi bien que l'aviron ; avec cela un vrai poète, qui aime la nature et passe son temps au milieu de la rude population des travailleurs de la mer, ce qui ne l'empêche pas du reste de chercher aussi ses impressions ailleurs. »
Ses thèmes de prédilections sont le domaine maritime et paysan. Paysagiste avant de se muer en peintre des gens de mer, il peint notamment  l'embouchure de la Seine, Honfleur comme Harfleur, Rouen, Poissy, Fontaine-sous-Jouy, Gournay, Rogerville, Oudalle, Guernesey, les bords de l'Oise aussi  et également quelques des motifs à l'étranger, le Niagara ou Brooklyn.

Renouf découvre la Bretagne en 1876. Après un séjour hivernal à l'Île de Sein, il se focalise sur la région, et notamment le Finistère,dont Concarneau, Le Faouët,  Plogoff, Pont-Aven. Sa toile La Veuve (1880) est remarquée au Salon de 1880 où il reçoit une deuxième médaille.  « La Veuve de M. Renouf est un tableau excellent. L'infortunée, vêtue de longs vêtements de deuil, se tient à genoux devant la tombe où repose l'être cher que lui a enlevé l'Océan impitoyable qui gronde derrière elle. À côté se tient l'orphelin ;: sa jeune pensée n'est pas absorbée par cette sombre idée de la mort ; elle flotte, distraite, dans son regard enfantin. Le sentiment, qui est intense et enveloppe toute la toile, compense l'inexpérience de l'exécution trop large. Mais ce qui est au plus haut point remarquable, c'est l'effet de cette mer lointaine reflétant les clartés blanches et étincelantes du ciel. Il y a là de quoi rendre envieux bien des paysagistes »

Datée de 1881 et exposée au Salon des Artistes français la même année, l'un des chefs-d'oeuvres de Renouf, Un coup de main,  atteint un prix record en vente aux enchères chez Sothebys le 22 mai 2018 à New-York  : adjudication de  615 000 dollars US, frais en sus. Le  marchand américain William Schaus acquiert le tableau au nez et à la barde de l'Etat français intéressé. D'emblée, cette toile avait assurée une reconnaissance internationale à Renouf. Par sa diffusion sous forme imprimée, elle est devenue aux USA une icône de l'art académique français du XIXe siècle. La toile sur les cimaises de la Corcoran Gallery of Art est  exposée  à l'Exposition Universelle de 1889 à Paris

 En 1883, l'Etat français (Direction des Beaux-Arts)  acquiert la toile Le pilote, exposée au salon annuel organisé par la Société des artistes français, au Palais des Champs-Elysées à Paris.

En 1889, une des oeuvres de ce peintre de genre, de marines, paysagiste et graveur est distinguée par la médaille d'or à l'exposition universelle à Paris.  Alors, Renouf est aussi nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

Quittant la capitale, il fait construire un nouvel atelier au Havre dans la décennie 1880-1890. 

En 1891, l'Etat français  achète la toile Le pont de Brooklyn, exposée au salon annuel organisé par la Société des artistes français, au Palais des Champs-Elysées.
   
Il meurt dans son atelier havrais le 4 mai 1894, terrassé par une maladie,  et repose désormais au cimetière Sainte-Marie à Graville (Le Havre). Disparu à l'âge de 49 ans, il laisse une oeuvre inachevée.  Salué avec émotion par Le Charivari, la disparition prématurée de cet homme bon et simple frappe de stupeur  ses amis havrais qui réclame un monument en son honneur et une salle au musée. A sa mort, le célèbre galeriste Georges Petit établit le catalogue des tableaux, études et dessins de l'atelier de Renouf, qu'il estime être "un peintre très intéressant". "Peintre de marins, il vivait leur vie et voulait leurs ennuis" précise Petit à propos de l'artiste qui "jamais ne donna un instant à la tyrannie des servitudes mondaines".

En mai 1897, un trois-mâts barque baptisé à son nom est lancé au Havre. Son nom est également donné à une rue au Havre et une autre à La Rivière-Saint-Sauveur, à une route à Honfleur.

Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques  : Amiens ; Musée des beaux-Arts de Dole (Toile Vieux marin, acquis en 1911 par la ville) ; Musée d'Evreux ( Toiles Cour de ferme et Une vallée dans le Finistère, 1877) ; Musée d'Issoudun dans l'Indre (Toile Dernier radoub, mon pauvre ami attribuée au musée en 1879 par l'Etat ) ; Musée Malraux au Havre (Trois toiles : La brèche au mur, Les falaises à Oudalle et L'église d'Harfleur, 1892, propriété de la ville) ; Musée des Beaux-Arts de Quimper (La Veuve, acquise par le musée dès 1880 auprès de l'artiste) ; Rouen (Le Pilote, 1883, propriété de l'Etat)  ; Musée de Bretagne à Rennes ; Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris ; Musée d'Orsay à Paris ( Toile Brumes du matin, appareillage, 1893, acquis par l'Etat en 1893 pour une attribution au musée du Louvre, puis au Musée du Luxembourg) et attribution à l'Ambassade de France à Varsovie ; Musée des Beaux-Arts de Liège ; Metropolitan Museum of Art de New York ( Toile After the Storm, 1887) ; Washington, D.C., Renwick Gallery of the National Collection of Fine Arts ; Smithsonian Institution.  


 


 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire