vendredi 10 décembre 2021

Paul Lemasson

 Paul Lemasson (1897-1971) est un peintre français du XXe siècle.

Né le 10 janvier 1897 à Saint-Mars-du-Désert (Loire-Atlantique),  Paul le Masson est le frère d'un autre peintre, Albert Lemasson (1892-1982). Formé à l’École des Beaux-Arts de Nantes puis à l'école supérieure des Beaux-Arts de Paris, Paul Le Masson  y  est l'élève de Cormon, Pierre Laurens et Paul Baudouin, chef d'atelier et ancien élève de Puvis de Chavanne avec lequel il apprend la fresque.  Fresquiste, il  décore des édifices religieux en Ile de France (fresque de 1927 dans la cathédrale Sainte-Geneviève-et-Saint-Maurice de Nanterre, Hauts-de-Seine, inaugurée en février 1928 ) comme en Loire Atlantique (Le Cellier, chapelle à Pontchâteau, église de Saint-Mars-du-Désert, etc). En 1925, il participe également comme fresquiste à l'Exposition des Arts Décoratifs modernes. "Sous une frise de Joseph Bernard, un dernier compagnon de la Fresque, Paul Lemasson, honore les saisons, les âges de la vie, en quatre petites compositions de tonalités très différenciées, tendant à démontrer que le mortier frais reçoit — s'il ne conserve pas toujours — toutes les nuances de la palette, et qu'il n'est nul besoin, pour se convertir aux doctrines de M. Beaudoin, de faire voeu de pauvreté" note La Gazette des beaux-Arts.

Peintre, Paul Lemasson expose au Salon des artistes français à Paris de 1934 et de 1969. En janvier 1935, The International Herald Tribune remarque sa toile Printemps   parmi les 900 oeuvres exposées au salon de l'Ecole française au Grand-Palais. "Paul Lemasson décrit, avec la conscience des vieux Flamands, des scènes villageoises et des intérieurs de cabaret" note René Chavance dans  La Liberté au sujet de cette même exposition. En avril 1935, il participe au Salon inauguré par le président Albert Lebrun à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, avec Devambez, Montezin, Poughéon,  Seevagen.  Le Petit Parisien qualifié alors de charmant son Coin d'auberge.  Au Salon des Artistes français de 1936, le critique Gaston Poulain remarque dans Coemedia : "Paul Lemasson dans un déjeuner de moissonneurs se montre amusant illustrateur".  "Paul Lemasson traite, à la manière de l'école fécondée par Breughel et Jean Veber, le thème d'un repas de villageois." note aussi Le Temps en avril 1936. En 1937, il participe comme peintre au Pavillon de la Bretagne à l'Exposition  internationale à Paris, ce notamment avec Mathurin Méheut, Emile Simon, Louis Garin, Robert Yan. En 1942, il participe à Rennes à l'exposition d'art breton avec Lucien Seevagen, Emile Simon, Stany-Gautier, Jim Sévellec. "Les tableautins de Paul Lemasson rappellent a la fois Breughel et Dubout, avec des coloris d'antiphonaire." estime alors Florian Leroy dans  l'Ouest-Eclair. Le même organe de presse juge, à propos de l'envoi de Lemasson au Salon du Muscadet à Nantes,  que " Le meilleur morceau est à notre avis, cette truculente jeté du vin au village, de Paul Lemasson jeune, dans le mouvement des kermesses flamande de Teniers".

Inspiré d'une certaine peinture flamande, Lemasson excelle notamment dans la représentation de scènes  de genre vivantes, peuplées de  personnages truculents, dotées de perspectives maîtrisées, ce dans de petits formats. C'est avec truculence qu'il peint le quotidien de ses contemporains. Caractéristiques de la maturité de son style, ces paysages animés sont aujourd'hui recherchés par un cercle de fidèles collectionneurs.

L'artiste disparaît le 22 septembre 1971 à Nantes. Solitaire et discret, étranger aux mondanités, Paul Lemasson a accompli une oeuvre picturale à contre-courant de son temps, attachante, goguenarde et tendre à la fois. Cette oeuvre a une certaine parenté avec la lignée des grands naïfs du XXe siècle, tel Camille Bombois, ou des illustrateurs majeurs comme Albert Dubout et Jean Veber.

Recherchée des amateurs, notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, la signature de Paul Lemasson est aussi présente dans les collections publiques, ainsi au Château des Ducs de Bretagne.


 


dimanche 5 décembre 2021

Émile Renouf

Émile Renouf (1845-1894) est un peintre français du XIX e siècle.

Parisien de naissance, Renouf a une adolescence normande à Honfleur où il arrive avec ses parents à l'âge de quatorze ans. Il est vrai qu'il a ses racines au hameau de Renouf, près de Fermanville dans la Manche. Après  sa scolarité au Lycée impérial Bonaparte, le jeune Parisien est formé à l'Académie Julian à Paris, élève de Gustave Boulanger, Jules Lefebvre et William Bouguereau. Il reçoit aussi les conseils de Pelouse et de Carolus-Duran. Celui qui peint précocement sur le motif  est "davantage un élève de la nature que celui de ses maîtres académiques" selon le non moins fameux Georges Petit. Il expose deux  "Environs de Honfleur" dès le Salon des Artistes français de 1870, puis ses toiles au salon, ce sans discontinuer jusqu'en 1894, hormis en 1871, 1882, 1889 et 1890.

A la Société des Beaux-Arts de Caen où Renouf expose en 1873, De Liesville note que "Paysagiste pas encore assez remarqué, Renouf procède de Daubigny par la coloration, sent bien les notes d'un paysage et les enlève avec animation."
 « Forte constitution, taillé comme un vrai loup de mer, un blond barbu qui tient le pinceau aussi bien que l'aviron ; avec cela un vrai poète, qui aime la nature et passe son temps au milieu de la rude population des travailleurs de la mer, ce qui ne l'empêche pas du reste de chercher aussi ses impressions ailleurs. »
Ses thèmes de prédilections sont le domaine maritime et paysan. Paysagiste avant de se muer en peintre des gens de mer, il peint notamment  l'embouchure de la Seine, Honfleur comme Harfleur, Rouen, Poissy, Fontaine-sous-Jouy, Gournay, Rogerville, Oudalle, Guernesey, les bords de l'Oise aussi  et également quelques des motifs à l'étranger, le Niagara ou Brooklyn.

Renouf découvre la Bretagne en 1876. Après un séjour hivernal à l'Île de Sein, il se focalise sur la région, et notamment le Finistère,dont Concarneau, Le Faouët,  Plogoff, Pont-Aven. Sa toile La Veuve (1880) est remarquée au Salon de 1880 où il reçoit une deuxième médaille.  « La Veuve de M. Renouf est un tableau excellent. L'infortunée, vêtue de longs vêtements de deuil, se tient à genoux devant la tombe où repose l'être cher que lui a enlevé l'Océan impitoyable qui gronde derrière elle. À côté se tient l'orphelin ;: sa jeune pensée n'est pas absorbée par cette sombre idée de la mort ; elle flotte, distraite, dans son regard enfantin. Le sentiment, qui est intense et enveloppe toute la toile, compense l'inexpérience de l'exécution trop large. Mais ce qui est au plus haut point remarquable, c'est l'effet de cette mer lointaine reflétant les clartés blanches et étincelantes du ciel. Il y a là de quoi rendre envieux bien des paysagistes »

Datée de 1881 et exposée au Salon des Artistes français la même année, l'un des chefs-d'oeuvres de Renouf, Un coup de main,  atteint un prix record en vente aux enchères chez Sothebys le 22 mai 2018 à New-York  : adjudication de  615 000 dollars US, frais en sus. Le  marchand américain William Schaus acquiert le tableau au nez et à la barde de l'Etat français intéressé. D'emblée, cette toile avait assurée une reconnaissance internationale à Renouf. Par sa diffusion sous forme imprimée, elle est devenue aux USA une icône de l'art académique français du XIXe siècle. La toile sur les cimaises de la Corcoran Gallery of Art est  exposée  à l'Exposition Universelle de 1889 à Paris

 En 1883, l'Etat français (Direction des Beaux-Arts)  acquiert la toile Le pilote, exposée au salon annuel organisé par la Société des artistes français, au Palais des Champs-Elysées à Paris.

En 1889, une des oeuvres de ce peintre de genre, de marines, paysagiste et graveur est distinguée par la médaille d'or à l'exposition universelle à Paris.  Alors, Renouf est aussi nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

Quittant la capitale, il fait construire un nouvel atelier au Havre dans la décennie 1880-1890. 

En 1891, l'Etat français  achète la toile Le pont de Brooklyn, exposée au salon annuel organisé par la Société des artistes français, au Palais des Champs-Elysées.
   
Il meurt dans son atelier havrais le 4 mai 1894, terrassé par une maladie,  et repose désormais au cimetière Sainte-Marie à Graville (Le Havre). Disparu à l'âge de 49 ans, il laisse une oeuvre inachevée.  Salué avec émotion par Le Charivari, la disparition prématurée de cet homme bon et simple frappe de stupeur  ses amis havrais qui réclame un monument en son honneur et une salle au musée. A sa mort, le célèbre galeriste Georges Petit établit le catalogue des tableaux, études et dessins de l'atelier de Renouf, qu'il estime être "un peintre très intéressant". "Peintre de marins, il vivait leur vie et voulait leurs ennuis" précise Petit à propos de l'artiste qui "jamais ne donna un instant à la tyrannie des servitudes mondaines".

En mai 1897, un trois-mâts barque baptisé à son nom est lancé au Havre. Son nom est également donné à une rue au Havre et une autre à La Rivière-Saint-Sauveur, à une route à Honfleur.

Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques  : Amiens ; Musée des beaux-Arts de Dole (Toile Vieux marin, acquis en 1911 par la ville) ; Musée d'Evreux ( Toiles Cour de ferme et Une vallée dans le Finistère, 1877) ; Musée d'Issoudun dans l'Indre (Toile Dernier radoub, mon pauvre ami attribuée au musée en 1879 par l'Etat ) ; Musée Malraux au Havre (Trois toiles : La brèche au mur, Les falaises à Oudalle et L'église d'Harfleur, 1892, propriété de la ville) ; Musée des Beaux-Arts de Quimper (La Veuve, acquise par le musée dès 1880 auprès de l'artiste) ; Rouen (Le Pilote, 1883, propriété de l'Etat)  ; Musée de Bretagne à Rennes ; Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris ; Musée d'Orsay à Paris ( Toile Brumes du matin, appareillage, 1893, acquis par l'Etat en 1893 pour une attribution au musée du Louvre, puis au Musée du Luxembourg) et attribution à l'Ambassade de France à Varsovie ; Musée des Beaux-Arts de Liège ; Metropolitan Museum of Art de New York ( Toile After the Storm, 1887) ; Washington, D.C., Renwick Gallery of the National Collection of Fine Arts ; Smithsonian Institution.  


 


 


samedi 4 décembre 2021

Yves de Mare

Yves de Mare (Paris 1924- Paris 1998 ) est un peintre français du XXe siècle.

Bénéficiant d'un court sommeil, le très organisé Yves de Mare mène longtemps deux activités de front, l'ostéopathie et la peinture, et  parvient à réaliser une oeuvre riche de quelques milliers d’aquarelles. Souvent de petits formats, ses aquarelles ont le charme et l'élégance des oeuvres des aquarellistes anglais, tout en douceur, raffinement et en suggestion.

Son regard se focalise essentiellement sur le paysage. Outre la Bretagne, la Provence, l'île-de-France et l'ile de Ré,  son pinceau capte la lumière des pays du littoral méditerranéen, mais aussi le Yémen, la Suisse, l'Islande, la Chine, les Etas-Unis. 

Yves de Mare est récompensé par une médaille d'or au Salon des Artistes français dont il est également sociétaire, tout comme il l'est au Salon des Indépendants. 

L'aquarelliste expose ses oeuvres à la Galerie des Orfèvres, sise quai des Orfèvres et place Dauphine dans le premier arrondissement de Paris, notamment en 1973, 1981 et 1989. Il expose dans de belles galeries en région, ainsi à celle de Frédéric Menguy (1927-2007) à Rennes ou encore à la Galerie Claudine Wajnberg à La Baule en 1992, la galerie Fert à Yvoire.

Place des Arts commercialise quatre lithographies du peintre, des paysages. Paru en 1982, un beau livre intitulé Rivages de la Manche regroupe des aquarelles d'Yves de Mare. Un second beau livre consacré à l'aquarelliste, Escale de lumière, paraît également en 1984.

"Les couleurs qui affleurent sur le papier d'Yves de Mare s'étalent comme des taches aux gradations délicates, note le journal Le Monde en décembre 1984 à l'occasion de l'exposition Yves de Mare à la galerie Motte au 22 rue Bonaparte à Paris.  Il reste toujours dans les tons chauds et vibrants qui semblent fixer par une fine vapeur comme une empreinte, un souffle du paysage dont le peintre a voulu conserver la fugitive sensation. Tout cela s'ordonne dans un canevas solidement construit. "

Outre des collections privées en Europe, les oeuvres d'Yves de Mare sont aujourd'hui présentes dans les collections publiques en France : Musée de la Marine, Mairie de Paris, Centre National des Arts Plastiques (Aquarelle La forêt de Fontainebleau, 26 avril 1975, achat de l'Etat à l'artiste lors du Salon des Indépendants 1976, n° FNAC 32374), Tribunal d'instance de Thionville.