jeudi 7 avril 2022

Victor Vignon

 Victor Vignon (1847-1909)  est un peintre impressionniste français.

Né le 25 décembre 1847 à Villers-Cotterêts (Aisne), fils d'un épicier de la localité, Victor Alfred Paul  perd son père vers 1867. Pour subvenir à sa mère et à sa soeur, il peint désormais et commence à vendre ses oeuvres à vil prix à des boutiquiers, brocanteurs, bazars.  Puis il devient l'élève de Camille Corot en 1869 avant d'être  conseillé par le peintre Adolphe-Félix Cals, 

Initialement, celui qui se mue en peintre paysagiste et  graveur appartenant au groupe impressionniste  travaille à Clamart, puis à Bougival et  à La Celle-Saint-Cloud. Il déménage ensuite à Pontoise, puis à Jouy-le-Comte. 

En 1874, il travaille à Honfleur avec Cals. De 1874 à 1876, le jeune peintre  peint à Auvers-sur-Oise, entraîné par ses aînés Camille Pissarro, Armand Guillaumin et Paul Cézanne. "À cette époque, écrira l'influent critique d'art Théodore Duret, défenseur des impressionnistes, ami de Courbet et Manet, Cézanne vint résider à Auvers, où se trouvait déjà Vignon. Pissarro tout auprès, à Pontoise allait les retrouver. Ils formèrent ainsi un trio travaillant ensemble, causant de leur art, se communiquant leurs idées. Cézanne n'avait encore guère peint de tableaux qu'à l'atelier. Ce fut à Auvers, à côté de Pissarro et de Vignon, qui eux travaillaient depuis longtemps en plein air, qu'il se mit, avec la ténacité qui lui appartenait, à peindre des paysages directement devant la nature. Ce fut aussi à ce moment qu'il trouva son coloris tout à fait personnel. Il s'était avancé dans une voie qu'il n'avait pas encore parcourue, à l'exemple de ses deux amis, mais lorsqu'il eut développé sa gamme de tons, harmonieuse dans ce qu'on pourrait appeler la violence, les autres surent en profiter…"  En 1878, il participe au Salon de Paris. Dès 1879, il participe à une exposition à Pau avec Boudin, Caillebotte, Cals et Sisley.  De 1880 à 1886 à Auvers-sur-Oise, il loue à l'année une modeste ferme au hameau de Vermondois  et vit avec sa femme, comme un paysan, en sabot. Heureux. Là, Vignon se lie aussi avec les frères Théo et Vincent van Gogh  comme le docteur Paul Gachet. Dès lors, en 1880, Vignon participe à la 5e exposition des impressionnistes, une exposition collective qui se déroule au 10 rue des Pyramides à Paris.

Puis, en mai 1881, avec Mary Cassat, Degas, Forain, Gauguin, Guillaumin, Berthe Morisot, Pissarro, Raffaelli, Rouart, Tillot, Vidal et Zandomeneghi, Vignon participe à la sixième exposition des impressionnistes avec 15 toiles, au 35 boulevard des Capucines à Paris. En 1882, Vignon participe à la septième exposition avec autant de toiles que l'année précédente.

En 1884, la galerie Georges Petit organise une exposition Vignon.

En janvier 1886, Théo van Gogh achète un paysage de Vignon, Jeune fille dans les vignes, aujourd'hui dans les collections du Rijksmuseum Vincent Van Gogh. Enfin, en mai et juin 1886, Vignon  qui a alors quitté Auvers pour Jouy-le-Comte  participe  à la huitième  et dernière exposition des peintres impressionnistes, ce avec 19 toiles (Maison Dorée, aujourd'hui au 20, boulevard des Italiens et 1-3, rue Laffitte à Paris).

En mars et avril 1894, la galerie Bernheim-Jeune, fer de lance de la peinture impressionniste, organise une rétrospective Vignon."En une centaine de morceaux, écrit le journal Le Temps, paysages embrumés sur lesquels pèse lourdement un jour gris, paysageslégers et frais du printemps éclairés par un doux soleil, coins de falaises et coins de mer, le paysagiste Victor Vignon nous expose les diverses manières dont il a compris et rendu la nature, depuis 1872 jusqu'à l'heure présente." "A un groupe important de ses récentes productions, M. Victor Vignon a joint des toiles plus anciennes, qui permettent de se faire une idée très complète de son œuvre, l’une des plus intéressantes qu’ait données le groupe impressionniste." renchérit L'Intransigeant.

En 1895, Vignon qui réside alors à Aincourt, près de Pontoise, se rend à Paris. "Le peintre Victor Vignon est en ce moment à Paris, et les admirateurs de cet artiste si probe et si épris de la nature ont pu apprécier une belle série d'études et de paysages pris aux environs d'Aincourt, précise Gil Blas. Le peintre  revient d'admirer,au musée Galliera, les belles œuvres de Corot, grand maître trop longtemps dédaigné  qui encouragea ses débuts."

En avril 1897, il participe au Salon du Champ-de-mars avec Matisse.

Vignon est soutenu par de grands collectionneurs. Le père Martin, le marchand de la rue Laffitte, l'achète, tout comme il acquiert des Cals, Corot,Millet, Lépine, Sisley. "Mince, souffreteux, ce gentil garçon aimait la nature ; mais il se révélait de plus en plus impuissant à se défendre contre les canailleries de son marchand : le père Martin." écrit le critique Gustave Coquiot à propos de Vignon dans sa biographie de Vincent van Gogh (1923). En mai 1899, la collection du comte Armand Doria est vendue chez Georges Petit et compte 22 oeuvres de Vignon. L'année suivante, l'un des collectionneurs de Vignon, le célèbre Docteur Georges Viau, fait figurer une toile de Vignon à l'Exposition universelle. Grand collectionneur, ami de Corot, Stumpf possède quelque 150 toiles de Vignon, le critique Claude Roger-Marx trois tableaux. En 1903,le peintre Maxime Maufra achète une toile à Vignon, La Rivière. Parmi ses collectionneur, le critique Arsène Alexandre ; Gallimard père ; le polytechnicien et mécène Henri Rouart, ancêtre de l'académicien Jean-Marie Rouart ; le photographe Dachery ; Eugène Blot, trésorier de la Scociété des Amis du Luxembourg ; Personnaz ; Eugène Murer.

« Il serait de toute justice qu’à cet artiste si digne, de qui les tableaux dureront par la qualité du métier et la vérité du sentiment, on ne fît pas attendre trop longtemps de son vivant la place d’honneur que ses efforts, son abnégation, son grand talent, lui assurent, pour l’avenir, dans l’Ecole française" écrit Arsène Alexandre à l'occasion de l'exposition  de 140 oeuvres de Vignon chez Georges Petit en mai 1900.

En avril 1901, la galerie Georges Petit présente une autre rétrospective Vignon. "Le nom de M. Victor Vignon n'a point encore la notoriété qu'aurait dû lui assurer son talent, tel qu'il apparaît en cette exposition. Les cent cinquante tableaux réunis chez Georges Petit montrent, en M. Victor Vignon, un amant passionné de la nature, impressionniste, certes, et qui a su se dégager des routines courantes." commente La Liberté du 11 avril 1901.

En 1903, la santé de Vignon est si détériorée qu'il ne peut plus peindre. Alors, en juin,  une exposition est organisée pour palier à son handicap.  Avec l'aide de Durand-Ruel et de Berhneim-Jeune, des oeuvres sont vendues à Drouot :  des Besnard, Cézanne, Fantin-Latour, Lhermitte, Maufra, Monet, Pissarro, Renoir, Vuillard !

En 1906,  14 toiles de Vignon sont à noveau exposées à la Galerie Georges Petit. L'année suivante, la galerie. Durand-Ruel vend des oeuvres de Vignon issues de la collection Viau.

Sexagénaire, quasiment aveugle, Victor Vignon meurt le 15 mars 1909 à son domicile de Meulan (Seine-et-Oise). "La grève des postiers, écrit Le Figaro dans son édition du 23 mars,  nous a empêchés d'apprendre en son temps la mort d'un peintre excellent, Victor Vignon, dont les obsèques furent célébrées samedi dernier, à Meulan. Victor Vignon, dont l'existence fut ignorée du public, n'aura même pas eu cette heure fugitive d'actualité qui fait comme une lueur de gloire sur le nom des méconnus. Victor Vignon peut se réclamer des grands peintres de jadis, qui avaient la sagesse de ne s'inventer point d'inutiles besoins."

L'année suivante, la fille de Berthe Morisot, Julie Manet-Rouart, obtient de Renoir une toile pour la vente organisée le 29 mai 1911 en faveur de la veuve de Vignon. Lors de cette vente comprenant 9 Vignon, les noms des oeuvres proposés sont à nouveau éloquents :  Bonnard, Mary Cassatt, Maurice Denis, D'Espagnat, Flandrin, Morisot, Camille Pissaro, Renoir, Vuillard

L'oeuvre du peintre disparu a souffert du caractère discret de l'homme, ce d'autant qu'il s'est retiré précocément à la campagne pour peindre des paysages de petits formats, appréciant particulièrement les ciels lourds de nuage. En octobre 1922, Le Figaro littéraire revient sur le destin artistique de Vignon : " Qui réussira à faire apprécier à sa valeur l'admirable paysagiste Victor Vignon, qui vécut au même moment que les grands impressionnistes, eut autant de talent qu'eux, et sa personnalité très tranchée quoique spécialement délicate ? Victor Vignon était d'une modestie excessive, d'un caractère ombrageux, et demeurait, farouchement pauvre, à la campagne. C'en était plus qu'il ne fallait pour être vaincu dans la lutte pour la notoriété, malgré la protection d'amateurs aussi éclairés que le comte Doria et les. Rouart."

En 1927, Vignon est toujours exposé à Paris. "Avec Victor Vignon, écrit Emile Dacier dans La Revue de l'Art ancien et moderne, un classique sagement lumineux de l'impressionnisme, admirateur du divin Corot et de cet ingénieux Chintreuil, qui plaisait au goût tempéré de Sainte-Beuve, ami de Pissarro dont il suivit plus d'une fois les pas dans le sol humide des printemps aigres et la naïve intimité de la vie rustique, on revoit sans déplaisir, rue Jacques-Callot, un bon petit peintre de la campagne que son penchant pour les novateurs n'éloignait pas de nos lointains Salons du Palais de l'Industrie, où Renoir portraitiste parut jusqu'en 1890."

En 1930, il est présent dans une exposition collective (avec Boudin, Braque, Chagall, Corot, Daubigny, Derain, Dufy, Guillaumin, Gromaire, Isabey, Lebourg, Matisse, Lépine, Marquet, Pascin, Rouault, Utrillo, Vlaminck, Ziem !) à la Galerie de la Renaissance. "Victor Vignon, cet excellent peintre méconnu." note alors Arsène Alexandre dans  Le Figaro.

En avril 1921, Bernheim-Jeune organise une exposition rétrospective posthume.  En avril 1927 à Paris, la galerie Jacques Callot présente une nouvelle rétrospective, laquelle bénéficie d'un catalogue précédé d'un historique signé du critique  Claude Roger-Marx. En 1938  à Amsterdam, le galerie Kunsthandel Huinck & Scherjon présente une autre exposition posthume : Victor Vignon, 1847-1909. En 2002, puis en 2007, le musée Tavet-Delacour à Pontoise présente d'autres expositions posthumes  : Victor Vignon, 1847-1909.

 "Victor Vignon a traduit la campagne avec un charme ému, qui touche profondément." conclue le Bénézit en 1939.




COLLECTIONS PUBLIQUES :

La signature de ce véritable peintre impressionniste est présente dans les collections publiques  en France : Auvers-sur-Oise, Musée Daubigny ( avec la toile Maison fleurie à Auvers, acquis en 2021) ; Aix-les-Bains, musée Faure ; Bayonne, musée Bonnat-Helleu ; Le Havre, musée d'art moderne André-Malraux ;  Paris, musée d'Orsay (Chemin des Frileuses à Evecquemont, 1885, huile sur toile, 46 × 65 cm  ; Paysage à Auvers-sur-Oise, maisons dans le vallon, vers 1880, huile sur toile, 33,5 × 41,5 cm. ) ; Reims, musée des beaux-arts. Et à l'étranger : Amsterdam, Pays-Bas, Rijksmuseum Vincent Van Gogh ;  Sarrebruck, Allemagne, musée de la Sarre ; Copenhague, Danemark, Ny Carlsberg Glyptotek : (La Côte Saint-Nicolas à Auvers, 1883) ; Kunsthalle, Brême, Allemagne ; Washington, USA, National Gallery of Art ; USA, Reading Public Museum ( avec la toile Paysage d'été avec meule de foin) ; Utrecht, Central Museum  (avec la toile Les Moissonneurs) ; New-York, USA, MET Museum (avec une gravure) ; New-York, Brooklyn Museum (avec une gravure) ; Tokyo, Japon, Artizon Museum (avec une gravure) ; Laren, Pays-Bas, Singer Museum (avec la toile L'été au village, Jouy) ; Baltimore, USA, Baltimore Museum of Art ( avec une palette de l'artiste et  quatre toiles Nature morte avec oranges 33 par 41 cm, Paysage d'été, Vue d'un village de Normandie et  Nature morte avec bouteilles et grappes ).









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire