Carlos Alberto de Araújo Filho dit Carlos Araújo (1950-) est un artiste brésilien des XXe et XXIe siècles.
Peintre, dessinateur, sculpteur et lithographe, Araújo est connu pour créer des œuvres transcendantales et éthérées. Elles oscillent entre abstraction et figuration, notamment dans l'esprit de maîtres de la Renaissance tels que de Michel-Ange, par qui Araujo se sent influencé.
Carlos Araújo est né à São Paulo le 6 avril 1950 (Hôpital Pro Matre, Avenida Paulista). Introverti et autodidacte, le jeune Araujo se consacre précocement à l'art. Sa première exposition, "Alegoria ao Carnaval", date de 1963. Pour autant, de 1971 à 1975, il suit une formation d'ingénieur civil à l'Université Presbiteriana Mackenzie à São Paulo. Alors, à l'âge de 20 ans, il est découvert par Pietro Maria Bardi (1900-1999), directeur du Museu de Arte de São Paulo (MASP). Considéré comme l'un des plus grands directeurs de musée au Brésil, PM Bardi dirige le MASP durant 45 ans. "Voilà un maître qui convainc. Il a donné forme, stature et forme à des figures qui persistent dans son imagination." écrit Bardi à propos d'Araujo.
En 1973, Araújo est invité à participer à l'exposition "Imagens do Brasil" à Bruxelles avec l'œuvre "The Next Step", réalisée dix ans plus tôt. Sa première exposition personnelle a lieu en 1974 au MASP et initie sa consécration. En 1978, il expose à la 1ère Biennale ibéro-américaine de Mexico. Ses thèmes picturaux sont alors d'inspirations sociales : la société brésilienne lui fournit la matière pour sublimer artistiquement la misère humaine et les tragédies.
Peu après, il mue sa peinture en réflexion théologique et méditation spirituelle. Ainsi, en 1979, le panneau « Annonciation » est envoyé par le gouvernement brésilien au pape Jean-Paul II. Ce panneau est exposé au Vatican, Araújo devenant le premier artiste brésilien exposé au Musée du Vatican. Cette même année, l'artiste réalise le panneau intitulé « Independência » pour l'exposition « 5 siècles d'art au Brésil », organisée au MASP. Toujours en 1979, le même musée présente une exposition individuelle de Araújo, à savoir de grands panneaux d'esprit métaphysique (dont « Le Dernier des Tapuias », « Le Centaure de Bourdelle jouant avec la mort » et « Les Rêves de Saint Georges »). En 1981, Araújo peint le panneau "Os Trabalhadores" pour la Banco Itaú à São Paulo. En 1984, année d'une exposition individuelle d'Araujo au MASP, le grand éditeur parisien Claude Draeger publie une première monographie sur l'artiste sobrement intitulée "Araujo", avec des textes de Pierre Restany et Bardi. Toujours en 1984, le peintre reçoit un prix de l'Association des critiques d'art de São Paulo - APCA. En 1987, il expose à nouveau au MASP. En 1989, la Galerie Furstenberg à Paris lui consacre une exposition individuelle. En 1989, il sort le livre de lithographies "Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse" à Paris.
Dotées d'une parfaite maîtrise technique, ses peintures sont pleines de spectres et prennent un ton métaphysique en raison de la définition fugace des figures humaines, obtenue grâce à la construction d'espaces éthérés, sans profondeur ni poids.
En 1991 à Chicago (États-Unis), l'artiste participe au Art Chicago International Art Exposition. En 1992 à Miami (États-Unis), il participe au Art Miami International Art Exposition. En 1992 à Panama, la Bernheim Gallery consacre une exposition individuelle au peintre. En 1996, un hommage est rendu au peintre à Chapel Art Show à Sao Paulo. En 2000 à Miami puis à New-York, deux expositions individuelles présentent des scènes de la Bible, à la Praxis Art International Gallery. En 2001, il participe à nouveau au Art Miami International Art Exposition.
Lors d'une visite papale au Brésil en mai 2007, José Serra Chirico, gouverneur de São Paulo, offre au pape Benoît XVI le second livre de Carlos Araujo intitulé « Bíblia Citações ». Ce livre monumental contient 1 028 peintures illustrant des citations de la Bible.
En 2007, Araújo présente son travail à la Biennale d'art contemporain de Florence où il remporte la médaille de bronze. Préfacé par le pape, la première édition de son « Bíblia Citações » sort à l'occasion de cette biennale. Puis il expose au Carrousel du Louvre à Paris en 2008.
En 2009, une exposition personnelle d'Araújo a lieu à la basilique Piazzale San Paolo (Basilique papale Saint-Paul-hors-les-Murs) à Rome, à l'invitation du Cardinal Lanza di Montezemolo. En juillet 2009, l'artiste expose à la Paulo Darzé Galeria à Salvador de Bahia.
En 2010, il expose 25 grands panneaux au Musée brésilien de sculpture (MuBE à São Paulo).
En septembre 2012, le Parlement européen à Bruxelles présente des œuvres bibliques de Carlos Araújo. Le peintre y montre notamment un grand triptyque peint pour l'occasion, mesurant 18 mètres sur 2 mètres de haut et intitulé "Genèse - Le sixième jour". Livia Bucci, représentante au Brésil des Biennales Internationales d'Art de Florence et de Rome, est à l'initiative de cette exposition bruxelloise.
Lors de la réouverture du Panthéon, à Rome en septembre 2015, Araújo est le premier artiste contemporain à exposer dans ce monument emblématique. L'artiste y présente 32 tableaux illustrant des passages bibliques de la Genèse. En plus du Panthéon, la Galleria D'Arte Benucci (Rome) lui consacre une exposition personnelle.
En juin 2018, Araújo participe à l'exposition « Révélation et lumière des formes de l'imaginaire » dans le cadre du projet « Resgatando Cultura », de l'Institut Olga Kos pour l'inclusion sociale (IOK à São Paulo). L'objectif de cette exposition est de montrer comment les artistes participant au projet se laissent guider par des images qui se révèlent par des taches de peinture rehaussées, par de fines couches, ou encore par l'élimination progressive du pigment des supports.
En 2018, parait la cinquième monographie consacrée au peintre.
De janvier à mars 2019, Araújo participe à l'exposition collective « Le sacré dans l'art moderne brésilien » au Musée d'Art Sacré.
Toujours en août 2019, Bossa Nova Sotheby’s International Realty expose une des œuvres d' Araujo dans le cadre de son projet Viva Arte III organisée par Elisabeth Leone, en partenariat avec quatre marchands d'art de renom (Hilda Araújo, Roberta Lima, Rejane Tacchi et Sergio Gonçalves).
Réception critique de l'oeuvre d'Araújo
Selon Robert C. Morgan, professeur d'histoire et de théorie de l'art : « Ses peintures offrent une nouvelle possibilité de voir au-delà des conventions normatives et des signes automatiques qui envahissent nos vies. »
Selon le célèbre historien de l'art Pierre Restany, fondateur du Nouveau réalisme avec Yves Klein : "Anges, démons, spectres. des gens ordinaires : l'univers spectral de Carlos Araújo est peuplé d'ombres et d'apparences anonymes, de silhouettes prisonnières de la fraction d'une attitude. Les contours des formes et des visages se dessinent à peine dans la fluidité d'un espace sans poids ni profondeur autre que celle produite par l'effet appuyé du trait ou le toucher du pinceau. Les tons bistre pâles ou bleutés évoquent les aquarelles classiques de la Renaissance dans l'esprit « crépusculaire romantique » de l'auteur. (.) Ce n'est pas sans fondement que Carlos Araújo revendique l'influence des « maîtres » de la Renaissance, Michel-Ange en premier lieu, qu'il admire à la fois pour son génie visionnaire et pour sa puissance de travail. En effet, ces visages de femmes, ces corps d'ouvriers, ces silhouettes d'indigènes, d'enfants ou de gens du cirque ont, dans leurs postures et leurs proportions, une sorte d'apparence furtive, des aspects familiers qui ne sont pas sans rappeler les personnages de la Chapelle Sixtine. Dans ses notes de travail, qui constituent un commentaire analytique d'une lucidité touchante, Carlos Araújo retrouve naturellement des touches léonardiennes ou michelangéliennes pour évoquer ses méthodes de travail, le cours de sa pensée, les points d'ancrage de sa vision parmi les ravissements du sentiment et les exigences du construction."
Selon le critique argentin Jorge Glusberg, directeur du musée des beaux-arts de Buenos Aires : "L'œuvre d'Araújo montre d'une certaine manière la tension qui existe au sein de l'humanité, c'est la conviction que la Bible manifeste le message de salut dans l'histoire humaine. Sa chronique, qui se déroule à travers des allégories et s'inspire souvent de sources religieuses, aborde le Brésil tumultueux et changeant d'aujourd'hui et de tous les temps. (.) Les hommes et les femmes d'Araújo sont faits de chair et de sang, ce sont des impressions du Brésil libérées par l'artiste pour réaliser, à sa manière, une version de la Genèse et la prédiction d'un autre Jugement dernier. (.). Le monde habituel d'Araújo est le monde des petites gens, du peuple anonyme et souffrant du Brésil. Il est le témoignage et la mémoire des exclus, des pêcheurs, des tristes, des effrayés : l'œuvre d'Araújo est une chronique d'abandon."
Oeuvres d'Araújo dans les collections publiques
Musée du Vatican, Rome (Italie)
Bibliothèque François Mitterrand, Paris (France)
Musée d'Art du Parlement, São Paulo (avec « Étude pour une figure biblique »)
Musée d'Art Brésilien de la Fondation Armando Álvares Penteado/FAAP (Brésil)
MASP – Museu de Arte de São Paulo (Brésil)
Itaú Cultural, São Paulo/SP (Brésil)
Museu Oscar Niemeyer, Curitiba/PR (Brésil)
Fundação Edson Queiroz, Fortaleza/CE (Brésil)