Julien-Louis Lemordant dit Jean-Julien Lemordant (1878-1968) est un peintre français du XXe siècle.
Né à Saint-Malo en 1878 d'un père maçon et d'une ménagère, Jean-Julien Lemordant est un des peintres emblématiques de la Bretagne au XXe siècle. Il étudie la peinture dès 1892 à Rennes puis en 1897 à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts à Paris, notamment à l’atelier de Léon Bonnat où il rencontre Georges Braque, Othon Friesz, Raoul Dufy. Il se lie alors d'amitié avec Mathurin Méheut. En 1902, Lemordant décroche le convoité Prix Chenavard décerné par l'Institut.
Puis résidant successivement à Pont-Aven, à Doëlan, à Saint-Guénolé où il a son petit atelier sur les rochers, à Penmarch, Lemordant assimile la leçon de l'école de Pont-Aven et des fauves pour inventer son propre langage pictural tout en puissance, fougue, mouvement et couleur.
En février 1905, la Galerie Barthélémy présente une exposition individuelle des toiles de Lemordant au 52 rue Laffitte à Paris. Dès 1906 et 1907, Lemordant parrainé par Charles Cottet et Lucien Simon expose au Salon d'Automne. Les critiques Gustave Geffroy et André Salmon saluent alors son talent.
En 1906, le jeune peintre reçoit commande du propriétaire de l'hôtel de l'Epée à Quimper : la décoration de la grande salle à manger (Le Pardon, Le Quai, Le Port, Ramassage du Goémon, Dans le vent,
Contre le vent, Phare d'Eckmühl, La Chapelle Notre-Dame-de-la-Joie). Peint entre 1906 et 1909, rencontrant un succès considérable, ce décor de 60 m² contribue à la grande notoriété du peintre et est présenté depuis 1993 au Musée des Beaux-Arts de Quimper, en 1993. En décembre 1908, la Galerie Devambez à Paris consacre une exposition à Lemordant.
En 1913 et 1914, il réalise aussi le décor du plafond de la grande salle de l'Opéra de Rennes, puis la guerre bouleverse sa jeune carrière de jeune peintre prometteur. Lemordant peint une grande fresque pour la salle du Syndicat des Pêcheurs à Boulogne-sur-Mer, puis il peint quatre grands panneaux décoratifs pour le Syndicat des Pêches à Paris. En 1914, il peint trois des quatre saisons pour la maison d'un particulier à Douai.
Incorporé lors de la Première guerre mondiale, le "Fauve de Bretagne" croque cette Grande guerre avec puissance, énergie et expressionnisme si bien que le surnom de "Goya breton" lui est attribué. Victime de guerre deux mois après la mobilisation, il est récupéré par les militaires et les politiques. Blessé plusieurs fois puis fait prisonnier par les Allemands, Lemordant est devenu aveugle. Au-delà de la dramatique cécité qui émaille sa vie d'artiste, Lemordant marque durablement la peinture bretonne par sa figuration enlevée.
En 1917, Charles le Goffic consacre une étude au peintre. En avril 1917, l'exposition Lemordant à la galerie parisienne Guérault est inaugurée par le président de la République Poincaré. Cette même année, Susan Hannah MacDowell Eakins (1851 - 1938) peint un portrait de lui, aujourd'hui conservé au Chrysler Museum of Art.
Puis le sous-lieutenant Lemordant se mue ne conférencier. Durant six mois, il sillonne les Etats-Unis pour y promouvoir l'art français. Au printemps 1919, la Yale University présente une exposition de ses dessins et huiles, puis les Gimpel and Wildenstein Galleries à New-York, toujours en 1919. Cette même année, le Carnegie Insitute à Pittsburg décrète une annuelle "Journée Lemordant" consacrée à la France et au peintre héroïque. En décembre 1919, André Tardieu remet la rosette d'officier de la légion d'Honneur à Lemordant. En février 1920, le Museum of Fine Arts accueille une exposition des huiles de Lemordant à Saint-Louis. En 1921, la ville de Rennes et son maire, Janvier, l'accueille au cours d'un "banquet Lemordant". En mars 1922, les Bretons de Paris fêtent le peintre au Trocadéro. La sculpture de la main de Lemordant, oeuvre d'Hoffman, est conservée au Cedar Rapids Museum (USA).
De 1927 à 1931, il fait édifier par l'architecte Jean Launay au 48 avenue du Parc Montsouris à Paris (XIVe) sa vaste et moderniste Villa-Atelier, notamment dotée de deux ateliers. En juin 1931, il réside au 31 Boulevard Port-Royal à Paris.
C'est en 1935 que Lemordant aurait recouvré la vue. En 1937, son « œuvre de guerre 1914-1918 » - une suite de grands lavis expressionnistes élaborés après guerre - est exposée au musée de la Guerre au château de Vincennes.
En 1967, le musée des Beaux-Arts de Rennes lui consacre une exposition. C'est à Paris que Lemordant disparait en 1968, victime des suites d'une intoxication aux gaz lacrymogènes du joli mois de Mai 68. En 1993, le Musée des Beaux-Arts de Quimper lui consacre une nouvelle rétrospective. Il figure également dans une exposition collective du Musée de Pont-Aven en 2017.
Son oeuvre est aujourd'hui présente dans divers musées : Musée des beaux-arts de Quimper, Musée départemental breton à Quimper, Musée des Beaux-Arts de Rennes, Musée des Beaux-Arts de Brest, Musée des Jacobins à Morlaix, Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, Fond National d'Art Contemporain, Musée National d'Art Moderne à Paris (Centre Georges Pompidou), Musée Léon Dierx à Saint-Denis (La Réunion), Moma à New-York, Brooklynn Museum toujours à New-York, Cleveland Museum of Art (USA), British Museum à Londres.
Rennes, Nantes, Brest, Tinténiac commémorent son oeuvre par un nom de rue.
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