samedi 30 septembre 2017

Jacques Lanzmann (1927-2006)

Jacques Lanzmann  (1927-2006) est un peintre, écrivain et parolier  français.

Tout Français connaît celui qui fut longtemps le parolier du chanteur Jacques Dutronc, auteur des titres :  Il est cinq heures, Paris s'éveille, L'OpportunisteEt moi, et moi, et moi, etc. Pour autant, auparavant, Jacques Lanzmann fut aussi et surtout un peintre. Et un peintre intéressant, en vue, lancé par une légendaire galerie parisienne, la galerie Maeght, établie au 13 rue de Téhéran à Paris VIIIème depuis octobre 1945. 
Après le divorce de leurs parents, Jacques Lanzmann, son frère aîné Claude Lanzmann ( auteur du film Shoah) et sa sœur sont élevés par leur père à Brioude. De retour à Paris après avoir passé l'Occupation en Auvergne et intégré le maquis de Margeride commandé par son père, le jeune Lanzmann a la révélation de la peinture en découvrant une exposition de Picasso. Alors peintre en bâtiment, il va poser son chevalet à Auvers-sur-Oise et à Pont-Aven. En 1944, il fait la rencontre d'un jeune peintre, Serge Rezvani (1928), futur parolier et écrivain.  Avec ce dernier et un autre jeune peintre, Pierre Dmitrienko  (1925-1974), il traverse à pied la Corse en 1945. Il gagne ensuite l'Afrique du Nord depuis la Corse. A Tamanrasset, il est hébergé dans les bordels en échange de la réalisation de fresques.  A Tanger, il séjourne chez Paul Bowles.  De ce séjour marocain, il rapporte des toiles gorgées de soleil qu'il cédera ensuite en Islande.
Dès 1946, Lazmann, Dmitrienko et Rezvani deviennent élève d'un Hollandais établi à Montparnasse, le peintre et mécène Conrad Kickert (1882-1965), lequel est le premier découvreur de Piet Mondrian. Avec le sculpteur britannique Raymond Mason (1922-2010), Revzani et Lanzmann partagent alors un atelier dans un hôtel particulier des bords de Seine à Boulogne-Billancourt, prêté par le prince Yourévitch. En 1946, Kickert emmène Lanzmann en vacances à Villefranche-sur-Mer avec Dmitrienko et Rezvani. Le peintre hollandais immortalise également Lanzmann et Rezvani dans une toile, Hommage à la Femme, y représentant aussi Samuel Fuller et Jacus.
A la galerie Maeght, un groupe de jeunes peintres et sculpteurs abstraits se constituent.  Le trio Lanzmann-Dmitrienko-Revzani est au premier rang.  Dès l'automne 1947, Aimé Maeght (1906-1981)expose ce groupe  nommé "Les Mains éblouis", inspiré par le critique et bras droit de Maeght, Jacques Kober (1921-2015). Ce groupe est constitué de dix artistes : Lanzmann, Dmitrienko, Jean Signovert, Rezvani alors influencé par Klee, Michel Thompson, Raymond Mason, Lottie Calmis, Hélène Girod de l'Ain, Bernard Quentin, Paul Baudinière. Cette exposition suscite un vif intérêt de la presse artistique. "Je construisais ma toile à partir d'une tache de couleur"  dira Lanzmann par la suite.




En 1948, il est à nouveau exposé chez Maeght dans le cadre de ce même groupe pictural précurseur, mais élargi à des artistes originaires de sept autres pays,  incluant alors Bernard Quentin et Pierre Alechinsky. En 1949, Pablo  Palazuelo et Youla Chapoval étoffent le groupe.
En octobre 1950, la galerie Maeght expose à nouveau Lanzmann dans le cadre de la 4ème exposition du groupe Les Mains éblouies qui, organisée par Louis-Gabriel Clayeux (1913-2007),  intègre alors, parmi 23 jeunes artistes,  Jacques Arnal, Pierre Alechinsky, Jacques Corneille, Eduardo Chillida, Jacques Doucet,  Henri Goetz, Kelly, de Brunhoff. Michel Seuphor dit que le style du groupe de jeunes peintres est "une synthèse entre l'Expressionnisme, le Surréalisme et l'Abstraction". Michel Ragon (1924), bientôt rédacteur français du groupe Cobra, écrit aussi une préface.
Puis, chance extraordinaire frisant le sacrilège,  Lanzmann repeint ses propre toiles sur des oeuvres de Wilfredo Lam, Miro, Max Ernst, Atlan... à la demande de son marchand de tableaux,  Pierre Loeb (1897-1964), lorsque ce dernier n'aime pas les toiles de ces artistes reconnus qu'il avait sous-contrat. "Le Miro, prends-le, repeins dessus" lui demande ainsi Loeb, galeriste rue de Seine depuis la Libération. Ce que confirme le peintre abstrait péruvien Fernando de Szyszlo (1925-2017), ami de Lam, précisant en 2017  que les Lam donnés aux jeunes peintres (Lanzmann, Rezvani) étaient des toiles de sa première époque que Loeb avait acquises avant la guerre, alors qu'il était le marchand de Picasso.  "Cela s'est su. Mes toiles se vendaient très très bien. Finalement, les gens grattaient..." confiera Lanzmann à Thierry Ardisson dans l'émission  Lunettes Noires pour Nuits blanches. De 1945 à 1950, Lanzmann rencontre Picasso dont Loeb est un grand ami. Tous deux vont souvent visiter le maître espagnol à Vallauris, selon les propos de Lanzmann dans Celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas,  le livre écrit en commun avec l'académicien Jean Guitton en 1995.
 "J'étais reconnu comme un bon jeune peintre. Mais je souffrais le martyr, je n'arrivais à m'exprimer, je songeais au suicide. C'est pourquoi je me suis arrêté de peindre" dira Lanzmann qui deviendra par la suite le parolier, l'écrivain et le grand marcheur connu de tous.
Peintre du mouvement Les Mains éblouies peintre abstrait de la Nouvelle école de Paris, Lanzmann évoque cette brillante période de jeunesse (1946-1954) dans son livre de mémoires  "Lièvre de Patagonie", Jacques Kober dans Les Mains éblouies (1993).







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