Paul Colin est un peintre, dessinateur et graveur français.
Né à Lunéville, le lorrain Paul Emile Colin (1867-1949) est un médecin de Lagny-sur-Marne qui abandonne son exercice dès 1899 pour se consacrer à sa passion de l'art. Lors de l'Exposition universelle de 1889, accompagné de son ami Charles Filiger, il a la révélation devant les toiles de Paul Gauguin aux cimaises du Café Volpini. Avec Filiger, l'autodidacte Colin rejoint Gauguin au Pouldu à l'été 1890, se lie d'amitié avec lui, y rencontre aussi Laval et Sérusier, mais doit regagner Paris à contre-coeur pour poursuivre ses études de médecine. "Gauguin est un Christ dont nous étions les disciples. Il m'a appris à faire des arbres" écrit-il. Dès 1893, influencé par les gravures de Gauguin et de Valloton, le symbolisme aussi, il met au point la technique de gravure au canif sur bois debout. Ses œuvres de 1890 à 1900 sont marquées par les innovations de l'école de Pont-Aven. Il est sociétaire de la Société Nationale des Beaux-Arts et du Salon d'Automne.
En 1911, Colin est l'un des membres fondateurs de la « Société de la gravure sur bois originale » (SGBO) dont il devient vice-président de 1920 à 1935. Son oeuvre de graveur est caractérisée par un retour au traditionnel travail sur bois. Dès 1907 à 1929, le fin lettré illustre de ses gravures sur bois, essentiellement en noir, 23 livres des plus grands écrivains contemporains : Barrès, Zola, Duhamel, Kipling, Renard, Taine, France, Poe. Noël Clément-Janin, le critique d'art au Figaro qui considère Colin comme le chef de file de l'estampe en France, établit le répertoire de ses gravures en 1912. L'année suivante, Jules Rais conçoit une monographie fournie pour la revue des Arts graphiques modernes. Après la première guerre mondiale où il s'engage comme médecin, le Francilien voyage en France (Bretagne, Lorraine, Vosges) comme à l'étranger (Italie, Sicile, Espagne, Baléares, Andalousie en 1932, Portugal en 1933) et se consacre davantage à la peinture à l'huile, notamment de paysages sereins traités avec poésie et synthétisme, ce malgré l'accroissement de sa myopie qui l'avait contraint à préférer initialement des études de médecine (Nancy, Paris) aux beaux-arts. En 1937, le Prix Erckmann-Chatrian lui est décerné. Sous l'Occupation, il reprend la gravure sur bois original, illustrant trois textes de l'Antiquité pour la bibliophilie d'art. A la Libération, ses bois gravés illustrent Gérard de Nerval et George Sand. "L'oublié de Pont-Aven" réservé et si attaché à sa Lorraine natale meurt discrètement à Bourg-la-Reine le 28 octobre 1949, au côté de son épouse Thérèse. Quelques-unes des 3000 estampes (avec dessins préparatoires et états successifs ) de ce grand illustrateur sont acquises directement auprès de Colin par le couturier Jacques Doucet pour son Cabinet d'estampes contemporaines et conservées aujourd'hui à la Bibliothèque d'art et d'archéologie (collection Doucet), aujourd'hui Institut National d'Histoire de l'Art. Ses estampes sont aussi présentes au Musée des Beaux-Arts de Nancy, au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, au Musée du château de Lunéville, au Musée Gatien-Bonnet de Lagny, à la Bibliothèque de Nancy. Noël Coret évoque l'artiste dans Les peintres de la vallée de la Marne en 2000. En 2003, il est présent dans l'exposition L'aventure de Pont-Aven et Gauguin au Musée du Luxembourg, puis au Musée des Beaux-Arts de Quimper et enfin au Museo di Capodimonte à Naples. Une rue à Einville-au-Jard, commune qu'il a maintes fois représentée, et une allée commémore l'artiste à Lagny qui l'expose également en 2007 dans le cadre de L'été des néo-impressionnistes. La Galerie Saphir (Paris-Dinard) présente une rétrospective de ses œuvres en 2016. En 2017, une conférence sur l'artiste se déroule au Château des Lumières à Lunéville où il est présent dans l'exposition Dix ans d'acquisitions révélées.
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